L’éducation des filles au XIXe siècle

Une préoccupation forte

L’enseignement secondaire des filles / Octave Gréard.- Paris : Delalain, [1890?] (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Droit-lettres, 6182)

Contrairement à une idée simpliste trop souvent répandue, la société européenne du XIXsiècle n’a pas voulu laisser les filles dans l’ignorance pour mieux les soumettre. Au contraire, elle s’est fortement préoccupée de leur instruction et leur éducation.

Des traités de pédagogie ont notamment été publiés qui laissent apparaître des différences politiques, religieuses ou morales. Tous avaient en commun la certitude que les filles et les garçons ne devaient pas recevoir le même enseignement. Les travaux des médecins insistaient fortement sur la différence de physiologie entre l’homme et la femme, qui amenait à différencier les activités.

Futures épouses et futures mères

La Femme dans l’humanité, sa nature, son rôle et sa valeur sociale / Édouard de Pompéry.- Paris : L. Hachette, 1864 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 595)

La place sociale que devaient tenir les femmes était fondamentalement différente de celle des hommes. Elles étaient en effet destinées à être épouse et mère. Qu’elles soient ouvrières ou aristocrates ou bourgeoises, le rôle domestique leur revenait. Elles devaient tenir la maison selon des règles auxquelles l’hygiénisme naissant accordait une importance cruciale. Il s’agissait non seulement de protéger les individus et les familles mais également de préserver l’ensemble de la population. Et, surtout, elles avaient en charge l’éducation des jeunes enfants, à laquelle la société accordait tellement d’importance. C’est pourquoi les ouvrages de conseils aux mères se multiplièrent.

Des différences marquées par la religion ou la position sociale

L’Enseignement secondaire des filles / Louis Lescoeur.- Paris : Siège de la Société générale d’éducation et d’enseignement, 1883.- Extrait du « Bulletin de la Société générale d’éducation et d’enseignement », 15 juillet 1883 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XIXbr 58)

Il est possible de remarquer deux différenciations, selon le milieu social et selon les convictions politico-religieuses. Dans la continuité d’un mouvement commencé à l’époque moderne, l’enseignement des filles du peuple fut pris en charge principalement par des congrégations religieuses puis, à partir des années 1830, l’État s’en préoccupa également et invita chaque municipalité à ouvrir une école primaire de filles. Les filles devaient recevoir les rudiments – lire, écrire, compter – mais également être initiées aux travaux d’aiguille. Les jeunes filles des milieux favorisés suivaient un enseignement plus poussé dans des cours privés ou des couvents. Il s’agissait non seulement de leur faire connaître les auteurs classiques mais de leur donner également une formations artistique – le chant, le piano, le dessin – qui leur permettrait de recevoir dans leurs salons et de sensibiliser leurs enfants aux beautés artistiques.

Premiers pas vers un rapprochement

Les libéraux contestaient l’esprit qui imprégnait ces établissements, qu’ils trouvaient étroit ou clérical. C’est pourquoi Victor Duruy créa des cours secondaires sans enseignement religieux en 1867 et, en 1880, la loi Camille Sée institua les lycées pour jeunes filles. Les républicains avaient la volonté explicite de rapprocher l’enseignement des filles et celui des garçons, mais le latin et les sciences continuèrent d’être réservés aux garçons.

Jérôme Grévy

Recherche

Menu principal

Haut de page