L’inceste au XIXe siècle

Définition

Au XXIsiècle, l’inceste consiste en des relations sexuelles entre pères et filles, mères et fils, sœurs et frères. Cette notion était bien plus largement étendue au XIXsiècle car il s’agissait plutôt des relations entre toutes personnes ayant un lien de parenté, qui n’étaient, par conséquent, pas autorisées à se marier. A cette époque, l’inceste était perçu comme un crime monstrueux ; pourtant il ne faisait pas l’objet de lois concrètes, puisqu’il n’apparaissait ni dans le Code pénal de 1791, ni dans celui de 1810.

L’inceste prenait la forme du viol lorsqu’il était commis sans le consentement d’une des personnes concernées par la relation. Le rapport entre le père et sa fille était le viol incestueux le plus récurrent. Les affaires judiciaires concernant ce type de violence étaient rares du fait de leur caractère particulier. En effet, c’était un sujet tabou. Les victimes avaient du mal à confesser leur histoire car elles étaient très jeunes et sans autre soutien que leurs agresseurs.

Traité des enfants naturels, adultérins, incestueux et abandonnés / Jean-Simon Loiseau.- Paris : J. Antoine, 1811 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 71673)

Le Traité des enfants naturels, adultérins, incestueux et abandonnés de M. Loiseau publié en 1811 mettait l’accent, dans son chapitre « Des Enfans incestueux », sur les lois antérieures au XIXsiècle et sur la manière dont il fallait traiter des cas d’inceste en fonction des différentes situations (mariage, légitimité des enfants). Ainsi disait-il : « L’inceste a toujours été considéré comme un crime odieux… Quel crime plus horrible, en effet, que celui d’un père qui séduit sa propre fille, qui déshonore lui-même celle dont il est le gardien, celle que la loi met sous sa protection et son autorité, pour la conduire dans le chemin de la vertu… »

Conséquences

Les conséquences du viol incestueux étaient multiples. La victime, souvent une enfant, perdait sa virginité et pouvait être ainsi exclue du marché matrimonial. Elle subissait souvent un traumatisme à la fois physique et psychologique. La récurrence des relations sexuelles pouvait entraîner une grossesse qui se soldait souvent par une exclusion de la société du fait de son illégitimité et de l’âge de la fille. Parfois, la victime essayait d’avorter ou bien d’abandonner cet enfant, qui n’était qu’un poids.

Les secours temporaires destinés à prévenir les abandons d’enfants / Georges Jallet.- Poitiers : impr. du « Courrier de la Vienne », 1907 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 6573)

Malheureusement, le viol incestueux faisait une seconde victime : le fruit de cette relation. L’enfant pouvait être malformé. Le plus souvent, il était abandonné. Georges Jallet tenta, dans sa thèse de doctorat Assistance de l’enfance. Les secours temporaires destinés à prévenir les abandons d’enfants publiée en 1907, de trouver des solutions pour résoudre les problèmes liés aux abandons d’enfants.

Il pensait que « l’abandon de l’enfant, lorsqu’il est causé par la dépravation du sens maternel ou par la débauche, ou lorsqu’il résulte de la nécessité de cacher une faute qui jetterait le déshonneur ou le désespoir, peut-être le crime, dans un foyer, est un mal qui s’impose absolument, afin d’éviter un mal plus grand. » Ainsi l’abandon d’enfant était justifié si l’enfant était le fruit d’une relation incestueuse, un « secret à garder ».

Floriane Quemener

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