Les enfants maltraités dans la littérature du XIXe siècle

À côté des enfants de la littérature romantique qui, dans leur perfection, tenaient le rôle de messagers du divin, apparut, au XIXe siècle, à la suite d’observations plus précises des réalités sociales, la figure de l’enfant souffrant. Chaque personnage enfantin était confronté à la fois à la dureté de la société moderne et à la cruauté ou à l’indifférence des adultes. À travers leurs petits héros maltraités, Victor Hugo, Jules Renard, Hector Malot ou encore Émile Zola mettaient en évidence l’injustice de la société face à ses victimes innocentes et dénonçaient la corruption des mœurs appelant les hommes à plus de raison et de charité.

Cosette, dans Les Misérables de Victor Hugo (1890)

Les Misérables / Victor Hugo.- Paris : J. Hetzel et A. Lacroix (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Cosette, dès son plus jeune âge, est confiée, par sa mère fille-mère, aux Thénardier, des aubergistes situés à proximité de la capitale. À 8 ans, elle a déjà tant souffert, son passé est tellement douloureux que son apparence est marquée par la tristesse. Elle est moralement détruite par les actes humiliants des Thénardier.

Pour espérer être nourrie, elle sait qu’elle doit travailler dur au sein de cette famille. L’hiver, elle n’a pas le droit aux chaussures et doit marcher pied nu partout où elle va. Cosette est rouée de coups, puis, lorsque les hématomes apparaissent, les Thénardier se moquent d’elle.

L’auteur avait pour projet de sensibiliser les lecteurs à la maltraitance des enfants mis en nourrice. À cette époque, les parents accordaient souvent peu d’intérêt à leurs enfants. Cosette reflète la vie douloureuse et difficile des enfants au XIXsiècle. Victor Hugo choisit de donner une fin de vie heureuse à Cosette, un miracle à cette époque.

M. Vanderbussche, Q. Fillaud

Gavroche, dans Les Misérables de Victor Hugo (1890)

Les Misérables / Victor Hugo.- Paris : J. Hetzel et A. Lacroix (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Gavroche est un enfant de 12 ans ; sa famille l’a jeté à la rue. Il est habillé de vêtements amples et assez sales. Il a le visage marqué suite à ses nombreuses années dans la rue. La rue est sa maison, c’est un endroit où il se sent libre et il se contente de peu pour être heureux. Il vole juste pour se nourrir.

Abandonné par sa famille dès son plus jeune âge, il ne peut compter que sur lui-même. Tous les deux ou trois mois, Gavroche retourne voir sa famille, qui le rejette de nouveau en lui demandant pourquoi il persévère. Vivant seul dans la rue, il est en manque d’affection. Il meurt, tué par une balle, pendant une émeute.

Victor Hugo veut faire passer un message, une remise en question des lecteurs à propos de leurs libertés et de leurs façons de vivre, car, malgré sa misère, Gavroche est généreux, attentif aux autres et heureux dans la rue.

J. Saviot, B. Dufourg

Jeanlin, dans Germinal d’Émile Zola (1885)

Jeanlin est devenu boiteux à la suite d’un éboulement dans la mine dans laquelle il travaille, ce qui lui donne une allure de canard. Semblable à un animal, Jeanlin est ainsi déshumanisé. Il apparaît comme une personne méchante : il profite de ses amis, les méprise et les traite comme des esclaves.

Les conditions de vie de Jeanlin sont précaires : ses amis et lui vivent des différents vols qu’ils commettent afin de se nourrir. Aucun adulte ne se préoccupe de lui. En effet, il vit dans la rue sans que personne ne semble s’en soucier. Jeanlin est le troisième enfant des Maheu. Il a deux amis, Lydie et Bébert ; il profite d’eux et les maltraite. Cependant, eux le considèrent comme « le capitaine ». Il vit en couple avec la petite Lydie. Jeanlin tue Jules, le petit soldat, sous prétexte qu’il « en avait envie ».

Dans son œuvre en général, Zola ne fait pas des enfants des personnages secondaires. Les enfants ne sont pas plus épargnés que les adultes par les souffrances de la vie, et Zola n’hésite pas à traiter de sujets comme la sexualité enfantine.

F. Cratère, L. Mivinou

Rémi, dans Sans famille d’Hector Malot (1878)

Sans famille / Hector Malot.- Paris : J. Hetzel, 1883 (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Rémi a 8 ans, c’est un enfant timide, craintif et chétif. Il vit à la campagne dans une famille pauvre. À cause de la pauvreté, son père d’accueil le menace de le rendre à l’assistance publique mais, finalement, il le confie à un artiste ambulant, Vitalis. À cette occasion, Rémi découvre qu’il est un enfant abandonné et recueilli. Il se sent rejeté.

Rémi subit la vie de vagabond, le travail, la maltraitance et le désespoir lié à la perte de son entourage proche tel que ses amis et sa famille. C’est un enfant objet.

Dans ce roman, Hector Malot fait vivre des mésaventures à Rémi, décrivant le climat de la France de l’époque et la situation du travail des enfants. Rémi est le souffre-douleur qui est confronté à tous ces malheurs qui lui sont imposés.

M. Couturier, A. Jonas, Th. Villanou

Poil de carotte, dans Poil de carotte de Jules Renard (1894)

Suzanne Desprès dans Poil de carotte / Alfredo Müller.- 1900.- Estampe (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Poil de carotte est le cadet de la famille ; il se prénomme ainsi car il a la chevelure de couleur rousse et la peau tachetée. Poil de carotte vit un véritable enfer à cause de sa mère qui ne l’aime pas ; l’enfant est en manque d’amour, donc malheureux.

Le jeune garçon n’est respecté ni par sa famille ni par les autres sous prétexte qu’il est roux. Il est rejeté, obligé d’effectuer des tâches qu’un si jeune enfant ne devrait pas faire.

Dans ce roman le projet de l’auteur est d’ouvrir les yeux des lecteurs sur les souffrances cachées au sein de la famille. Jules Renard juge l’homme, ici la mère, responsable d’une grande partie du malheur sur terre.

T. Marquette, Q. Peridy

BTS TMSE, lycée Raoul Mortier, Montmorillon

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